041 – Un podcast qui continue ? Mais pas que…

Bon, alors… on continue ou pas ?

C’est la question qu’on s’est posée dans cet épisode, mais pas que. Avant de plonger dans nos doutes et nos envies pour Le Barboteur, Marco a ouvert le bal avec un état des lieux pas très réjouissant du monde de la craft : fermetures de brasseries, rachats industriels, chiffres en berne et marché qui se concentre. Bref, le secteur traverse une période compliquée, mais il reste des raisons d’espérer et d’y croire.

Après ce tour d’horizon, je me suis moi aussi interrogé : pourquoi continuer ce podcast ? Est-ce qu’on a encore des choses à raconter ? Est-ce que ça vaut le coup de continuer à brasser des épisodes, à partager nos découvertes, nos doutes, nos ratés et nos petites victoires ? Dans cet article, on fait le point sur ce qui nous motive encore, ce qui nous frustre parfois, et toutes les pistes qu’on a envie d’explorer pour la suite. Santé, et bienvenue dans les coulisses du Barboteur.

Le long déclin des brasseries craft (par Marco)

Entre les fermetures de brasseries qui s’enchaînent, les rachats par les grands groupes industriels, et une consommation en berne aussi bien en France qu’aux États-Unis, l’actualité du secteur n’a rien de très réjouissant. Dans ce contexte, Marco s’est posé la question : est-ce qu’on assiste vraiment à un long déclin des brasseries craft, ou est-ce simplement une nouvelle phase d’évolution ?
Dans cet article, il fait le point sur la situation, chiffres à l’appui, et tente de démêler le vrai du faux : entre lente agonie et résilience, où en est vraiment la scène brassicole artisanale ?

Oui, c’est une lente agonie

Difficile de ne pas voir la réalité en face : le secteur brassicole artisanal traverse une période très compliquée, en France comme à l’international.
En 2024, on compte déjà 104 brasseries françaises fermées pour seulement 33 créations. Pour la première fois depuis le renouveau craft, il y a plus de fermetures que d’ouvertures, et le Syndicat National des Brasseries Indépendantes prévoit même jusqu’à 250 fermetures cette année, soit 10 % du parc actuel.
Les raisons sont multiples :

  • Explosion des coûts (matières premières, énergie, verre, transport), qui pèsent lourdement sur la trésorerie des petites structures.
  • Baisse des ventes : pour la deuxième année consécutive, le marché brassicole français recule, avec une baisse de 3 % en volume sur l’année, et une chute de 7,5 % depuis 2022.
  • Concentration du marché : 7 géants brassent 90 % du volume, et les rachats s’accélèrent. Même Basqueland, brasserie craft reconnue, est passée sous pavillon industriel (Hijos de Rivera).
  • Tendances mondiales : aux États-Unis, la Brewers Association confirme une baisse de 4 % de la consommation de bière en un an, et un marché craft qui stagne depuis 10 ans.
  • Fiscalité et réglementation : en France, le secteur subit aussi des hausses de taxes, qui pourraient provoquer la fermeture de centaines de brasseries supplémentaires.
  • Changement des habitudes de consommation : la tendance à « boire moins » se confirme, et la bière n’échappe pas à la prise de conscience santé, notamment chez les jeunes générations.
  • Climat d’incertitude : 2 brasseries sur 3 jugent leur santé financière « moyenne ou mauvaise », et 72 % sont inquiètes pour leur trésorerie.

Tout cela donne l’impression d’une lente agonie : le marché se contracte, la concurrence est féroce, les prix flambent, et de nombreux brasseurs indépendants jettent l’éponge. Les rachats industriels, souvent vécus comme des trahisons, laissent craindre une uniformisation de l’offre et la disparition de l’esprit craft.


Non, ce n’est pas une lente agonie

Mais il ne faut pas non plus enterrer trop vite le secteur.

  • La France reste championne d’Europe du nombre de brasseries, avec environ 2600 établissements, dont 80 % produisent moins de 1000 hl/an.
  • Innovation permanente : malgré le contexte, la créativité ne faiblit pas. On voit émerger de nouveaux styles (Northern IPA, Savory IPA), des levures innovantes (Aurora de Lallemand), des extraits de houblons (Abstrax), et une mutualisation des outils entre brasseries pour survivre et innover.
  • Marché en mutation plus qu’en déclin : certains parlent d’une « maturation » du secteur, avec une épuration naturelle : les brasseries les moins solides ou les moins innovantes ferment, mais le tissu local reste dense et dynamique.
  • Consommer moins, mais mieux : la baisse de volume cache aussi une montée en gamme, les amateurs se tournant vers la qualité, le local, les styles pointus et les collaborations inédites.
  • Dynamique internationale : aux États-Unis, malgré la stagnation du volume, le marché craft continue de croître en valeur (plus de 30 milliards $ en 2024, et une projection à 57 milliards en 2025), avec près de 10 000 brasseries et une influence grandissante sur la culture bière.
  • Soutien de la filière : des initiatives locales, des festivals, des collaborations et des réseaux de distribution alternatifs continuent de faire vivre l’esprit craft, même dans l’adversité.

Bref, le secteur traverse une phase de consolidation et de remise en question, mais il reste vivant, créatif et ancré localement. Ce n’est pas une agonie, mais peut-être la fin d’un âge d’or, et le début d’une nouvelle ère plus mature et résiliante.

En conclusion
Le secteur craft traverse une période difficile, avec des fermetures en série, une concentration industrielle accrue, et un marché qui semble s’essouffler aussi bien en France qu’à l’international. Mais il serait réducteur de ne voir là qu’une lente agonie. La France reste un bastion de diversité brassicole, l’innovation continue d’alimenter la scène, et les brasseurs passionnés trouvent toujours des moyens de se réinventer, de mutualiser, d’expérimenter et de transmettre leur amour du produit.
Ce que Marco veut retenir de ça, c’est que “qu’importe qu’on soit là encore dans dix ans, nous comme le milieu brassicole, pourvu que la route soit belle”.


Bon alors… on continue ou pas ? (par Nico)

Le Barboteur, c’est une belle aventure. À la base, c’était une excuse pour que Marco et moi, malgré la distance, on continue à se voir et à faire des trucs ensemble autour de la bière et du podcast. J’étais le néophyte, j’ai progressé, on a monté la mini-brasserie, et on a grandi en quatre saisons. Mais aujourd’hui, la question revient : on continue ou pas ?

La passion et la communauté

La passion, c’est clair, elle est là. On aime brasser, enregistrer, progresser, se marrer. Mais côté communauté… c’est plus mitigé. On reçoit parfois des messages, mais la plupart du temps, c’est likes, vues, écoutes, et pas grand-chose d’autre. J’avais tenté un Discord : flop. Les posts restent sans commentaire. Je ne vous jette pas la pierre, je fais pareil : je like, je commente rarement. Mais dans un univers aussi niche, c’est dommage de ne pas avoir plus d’échanges. On partage, mais ça reste chacun dans son coin. Ça manque d’un truc.

L’innovation et la diversité

L’innovation, c’est ce qui nous fait vibrer : nouveaux styles, nouveaux ingrédients, matos qui évolue. On adore tester, parler des nouveautés (cf. Télématos), et si ça vous donne des idées pour vos brassins, c’est gagné. Mais on n’a pas accès à tout, on ne reçoit rien des marques, donc nos retours sont limités. On fait avec ce qu’on a, et on le fait avec plaisir.

La transmission et l’accessibilité

Transmettre, vulgariser, c’était un des objectifs principaux. On a abordé des sujets complexes, essayé de les rendre accessibles, mais sans équipe ni documentaliste, c’est parfois frustrant. J’ai souvent l’impression de bâcler les sujets, même si je sais que la perfection n’existe pas. J’espère juste que ça vous apporte quelque chose, même si ce n’est pas exhaustif.

Les pistes pour la suite

Dans l’épisode, on verra quelques pistes…

On est amateurs, pas pros

On fait ça sur notre temps perso, sans équipe, sans documentaliste. C’est chronophage, ça demande de l’énergie, et parfois, on sent qu’on pourrait aller plus loin si on avait plus de moyens. Mais on fait avec, et on espère que ça sert quand même la communauté.

Et les tunes  ?

Bon, parlons franchement. On a mis plus de 5000 € en quatre ans (matos, bières, hébergement, déplacements…). Et côté soutien ? Rien. Zéro. Pas un don, pas un abonnement Apple Podcasts (à seulement 0,99 €/mois ou 9,99 €/an…). On ne vous en veut pas, vous ne nous avez rien demandé. Mais avouez, c’est un peu triste : même pas un euro, même pas une période d’essai. Peut-être qu’on ne le mérite pas, que le podcast n’est pas assez bien. Mais un petit geste, ce serait sympa, non ? Juste pour reconnaître le temps et l’énergie qu’on met dedans. Mais bon, on continue, avec ou sans.


Ce qu’on a bu dans cet épisode

  • The Knights Who Say NI-tro (90BPM x La Fine Mousse)
    Un Irish Stout gazéifié à l’azote, clin d’œil aux Monty Python (« The Knights Who Say Ni ») et à l’injonction de Nitro (azote) en lieu et place du CO2. Cette collab’ entre la jeune brasserie 90 BPM (Léo et Victor, deux passionnés de craft) et La Fine Mousse (institution parisienne) donne un stout crémeux, mousse dense, arômes de cacao, café, et ce côté pub anglais qu’on adore.
  • Begi Hāundi (Basqueland Brewing)
    Oatmeal stout sèche et facile à boire, brassée avec six malts pour une palette élégante : cacao, café, fruits secs, réglisse. « Begi Hāundi » signifie « grands yeux » en basque et désigne aussi le calamar géant pêché sur la côte basque. Basqueland, c’est la brasserie qui monte (ou montait…), reconnue pour ses stouts et ses IPA, récemment rachetée par Hijos de Rivera.
  • Imperial Stout maison (Nico)
    Ma création, titrant à 8,5 %. Un stout puissant, chaleureux, malté, preuve qu’on peut sortir de belles choses en brassant chez soi.

Les artistes de l’épisode

Et comme la chanson I’ll Be Gone de CyberSDF n’est pas présente sur Apple Music, on vous en a mis une autre.

  • Pachyderm
    Groupe indie/psych de Pittsburgh, formé en 2012. Leur morceau « Never Knew Me At All » (CC BY-SA 3.0) est une ballade planante, entre folk et rock alternatif, à retrouver sur Bandcamp et Free Music Archive.
  • Candy Says
    Duo electro-pop d’Oxford, mené par Julia Sophie Walker et Ben Walker (ex-Little Fish). Leur album « Not Kings » (CC BY-SA 3.0) mêle synthés analogiques, basse profonde et voix féminine, ambiance pop moderne et DIY. Ils ont signé la BO du film « Burn Burn Burn » et sortent leurs disques sur Beanie Tapes. Egalement présents sur Bandcamp.
  • Songo 21
    Collectif musical aux influences afro-cubaines, Songo 21 propose une musique festive et rythmée, idéale pour accompagner vos brassins ou vos dégustations. Leur morceau « Opening Para » (CC BY-SA 2.0 FR) est extrait de « Studio Sessions 2003-2011 ». https://www.songo21.com
  • CyberSDF
    Artiste français prolifique, touche-à-tout de la scène libre. « I’ll Be Gone » (CC BY 4.0) est une compo électro-acoustique, extraite d’un catalogue de plus de 100 titres disponibles en libre accès. Retrouvez-le sur Soundcloud.
    • Cover : Patrick Neufelder (CC0)

Voilà, vous savez tout. On continue, parce qu’on aime ça, parce qu’on croit que ça sert la communauté, et parce que le brassage amateur et les brasseries craft méritent mieux que le silence. Si vous voulez soutenir, abonnez-vous sur Apple Podcasts, partagez, ou venez juste discuter sur Insta. Santé à tous ! 🍻

Bonus : le cadeau de Marco

Bonus 2 : Voilà, le Mighty Max que j’avais quand j’étais petit !

Leave A Comment